Par Jean-François Touzé, Président des Nouveaux Républicains
Le sommet européen qui vient de s'achever et dont on nous annonçait qu'il serait crucial, laisse une nouvelle fois, malgré un accord utile mais aux effets incertains, un goût amer marqué du sceau de l'inachevé et du provisoire.
Si le renforcement du fond de stabilité, la restructuration de la dette grecque et la recapitalisation des banques sont des mesures nécessaires, elle ne peuvent, en effet, suffire par elles mêmes à résoudre une crise qui est tout autant politique que monétaire. En ce sens, les décisions prises ce mercredi à Bruxelles participent de l'éternelle politique de Sisyphe qui, de sommet en sommet, retarde la prise des décisions durables et structurelles qui s'imposent, des décisions qui touchent à la fois à la nécessaire rigueur et à le redéfinition de nos ambitions européennes.
La rigueur d'abord qui doit devenir notre vraie règle d'or, non pas par le recours compulsif à l'impôt mais par les économies réalisées par les Etats dans leur fonctionnement et la chasse aux gaspillages et aux niches scélérates. La rigueur qui suppose que chacun d'entre nous accepte des sacrifices mais qui conduira au retour de la prospérité continentale
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L'ambition euroéenne ensuite puisque dès lors qu'il nous est impossible de revenir en arrière sans sombrer corps et bien, il nous faut, quelles que soient les réticences allemandes et quelles que soient les crispations souverainistes, aller de l'avant et faire de la BCE une vraie banque centrale capable d'agir autrement que contre l'inflation à l'instar de la Fed américaine et admettre l'urgence de la mise en oeuvre d'une gouvernance économique communautaire. La France, en prenant cette initiative, non seulement ne se perdra pas, mais sera fidèle à son Histoire, à son génie et à son destin.
Des décisions qui supposent le courage que j'évoquais en début de semaine et le refus de céder aux clameurs des démagogues, et à la tentation du repli nationaliste de nature tribale qui est la négation du patriotisme et, pour ce qui nous concerne, du sentiment national français qui nous habite et nous est une boussole.
C'est à ce courage et à cette lucidité que nous appelons les gouvernants européens et en premier lieux Nicolas Sarkozy qui s'exprimera ce jeudi soir à la télévision. Nicolas Sarkozy qui doit trouver en lui même les mots churchilliens que peuvent et veulent entendre les Français ainsi que la force d'un leadership sans lequel immobilisme et égoïsmes d'Etat nous entraîneront vers le suicide collectif de notre civilisation.